06 mai SpaceX : récupération à l’issue d’une mission GTO
« Woohoo! » a simplement écrit Elon Musk sur son compte Twitter après l’exploit du 6 mai, avant de plaisanter : « May need to increase size of rocket storage hangar » (Nous allons peut-être avoir besoin d’agrandir notre hangar de stockage). Sûrement a-t-il été le premier surpris, lui qui, comme lors du lancement du satellite SES-9 le 4 mars dernier, n’imaginait pas encore pouvoir récupérer le premier étage de son lanceur Falcon 9 à l’issue de cette mission visant l’orbite de transfert géostationnaire avec un satellite de 4,7 tonnes : « Rocket reentry is a lot faster and hotter than last time, so odds of making it are maybe even, but we should learn a lot either way » (la rentrée de la fusée sera beaucoup plus rapide et plus chaude que la dernière fois, donc les chances d’y arriver sont peut-être moindres, mais nous devrions apprendre beaucoup de toute façon », écrivait-il juste avant le lancement.
Tout s’est déroulé à merveille (après une journée de report météo), de nuit : lancement à 1h21 heure locale (5h21 UTC) depuis le complexe LC-40 de la base Air Force de Cape Canaveral en Floride, séparation des deux étages au bout de trois minutes de vol, manœuvres de retournement du premier étage (sans rétropoussée pour réduire ou annuler la vitesse de l’étage), premier freinage et traversée des couches denses de l’atmosphère, et enfin poser en douceur sur la barge Of Course I Still Love You (placée à environ 600 km à l’Est de Cape Canaveral), neuf minutes après le décollage. Pendant ce temps, le deuxième étage poursuivait sa route, à 25 000 km/h et 165 km d’altitude. Il finira sa mission 23 minutes plus tard, en plaçant le satellite JCSat-14 sur une orbite de transfert géostationnaire (GTO) de 189 km x 35 957 km, inclinée de 23.7°.
JCSat-14 (ou JCSat 2B) appartient à l’opérateur japonais SKY Perfect JSAT Corporation, le plus important de la région Asie-Pacifique, avec une flotte de seize satellites géostationnaires (dont deux en commun avec Intelsat). Il remplacera JCSat-8 (JCSat-2A), positionné sur 154°Est depuis mars 2002, pour couvrir le Japon, l’est de l’Asie, la Russie, l’Océanie, Hawaï et les autres îles du Pacifique. Son lancement avait été retardé de plusieurs mois après l’échec du Falcon 9 du 28 juin 2015. Construit par Space Systems Loral (SSL) suite à un accord signé en juin 2012, JCSat-14 est monté sur une plateforme SSL-1300 et est équipé de 44 transpondeurs : 26 en bande C et 18 en bande Ku. La bande C sera utilisée pour le transfert de données, la télévision et les communications mobiles, tandis que la bande K pour fournira une connectivité haute vitesse pour le transport maritime, l’aviation et l’exploration des ressources. Prévu pour fonctionner au moins 15 ans, le satellite disposera d’une puissance d’environ 10 kW en fin de vie.
Le prochain vol de SpaceX est prévu pour le 26 mai avec l’emport du satellite de télécommunications Thaicom 8 (3,1 tonnes) de l’opérateur thaïlandais Thaicom Public Company Ltd. Le satellite, construit par Orbital ATK, a été livré à Cape Canaveral le 27 avril.
—
Chronologie du vol du Falcon 9 n°24 (4e vol en version FT)
T0 : décollage à 5h21 UTC depuis le pas de tir SLC-40 de la base CCAFS
T+01:37 : Max Q (point de pression dynamique maximale), à 20 km d’altitude
T+02:52 : extinction du moteur principal du premier étage (MECO), à 77 km
T+03:09 : séparation du premier étage confirmée
T+03:13 : allumage du moteur Merlin Vacuum de l’étage supérieur
T+03:57 : séparation de la coiffe
T+06:55 : début du freinage amorçant la rentrée du premier étage à l’aide de trois moteurs
T+07:24 : fin du freinage
T+07:58 : le premier étage atteint une vitesse transsonique
T+08:37 : « coup de frein » final
T+09:04 : atterrissage en douceur du premier étage sur la barge OCISLY
T+10:01 : extinction du moteur du deuxième étage (SECO), à 165 km
T+20:57 : le deuxième étage s’apprête à survoler les côtes de l’Afrique de l’Ouest
T+27:10 : réallumage du deuxième étage
T+32:26 : séparation de JCSat-14.