15 mai André Brahic a rejoint les étoiles
Né en 1942 à Paris dans une famille modeste, André Brahic avait été initié par Evry Schatzman, initiateur de l’enseignement de l’astrophysique théorique en France après-guerre. Il était devenu astrophysicien au CEA, professeur à l’Université Paris-VII, directeur du laboratoire Gamma-gravitation rattaché à l’UFR de physique, et un expert international des anneaux et de la formation du système solaire. En 1984, cinq ans avant le passage du survol de Neptune par la sonde américaine Voyager 2, il a découvert, avec l’astronome américain William Hubbard du Laboratoire lunaire et planétaire LPL à Tucson (Texas), les cinq anneaux de la planète (Galle, Le Verrier, Lassell, Arago et Adams), puis les arcs composant le dernier d’entre eux. Il les baptisa en 1989 Liberté, Égalité et Fraternité, en l’honneur du bicentenaire de la Révolution française. Puis, lorsque l’une de ses étudiantes, Cécile Ferrari, en identifia un quatrième, il le nomma Courage. Il faisait partie depuis 1991 de l’équipe d’imagerie de la sonde Cassini, lancée vers Saturne en 1997 et arrivée à destination en 2004.
Vulgarisateur hors pair, André Brahic avait notamment publié Enfants du soleil en 1999 et Lumières d’Étoiles en 2008. Son dernier ouvrage, Terres d’ailleurs. Sommes-nous seuls dans l’univers ?, était paru l’an dernier et s’intéressait aux exoplanètes. Régulièrement présent sur les plateaux de télévision ou à la radio, donnant régulièrement des conférences-fleuve, il était connu pour ses interventions débordant d’enthousiasme, imagées et pleines d’humour. Il fut ainsi récompensé aux Etats-Unis par le Prix Carl Sagan 2000, puis par le prix Jean Perrin de la vulgarisation scientifique par la Société Française de Physique en 2006. Il reçut la Légion d’honneur en 2015.
Optimiste devant l’éternel (il se qualifiait d’homo rigolus, espèce moins nombreuse mais plus utile que les homos tristus, qu’il s’agissait de combattre), André Brahic militait également activement pour un meilleur enseignement des sciences, des citoyens mais également des politiques. Il définissait le parfait programme politique autour de la recherche, la culture et l’éducation.
L’astéroïde 3488 porte son nom depuis 1990.
Les hommages ont été nombreux et unanimes à l’annonce de sa disparition. Le président de la République, François Hollande, a salué un homme « qui savait rendre simples les mystères du ciel ». Le secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur, Thierry Mandon, a rappelé que : « André Brahic faisait la science, il la partageait avec le plus grand nombre, il militait pour elle : nous avions besoin de lui. » Son éditrice Odile Jacob a pour sa part évoqué « Un personnage éblouissant et hors du commun, extraordinairement chaleureux, profond et authentique, un grand savant et en même temps un conteur, un écrivain ».
Avant de tomber malade, André Brahic avait été l’un des invités de marque des premières Rencontres franciliennes L’Espace & la plume à la Maison de l’Environnement et du développement durable de l’Aéroport de Paris-Orly. De larges extraits de la table ronde à laquelle il a participé sont en ligne sur le grenier sonore de l’émission « A toi les étoiles » :
http://franck.futura-sciences.com/IDFM/ATLE2014-04-16.mp3