02 mai Breakthrough Starshot : un voyage à 20% de la vitesse de la lumière
L’annonce du projet Breakthrough Starshot a été faite le 12 avril (jour anniversaire du vol de Gagarine), à New York et en direct sur Internet. Son objectif : expédier d’ici 20 ans des milliers de nano-sondes (de la taille d’un timbre poste et d’une masse de seulement un gramme) à destination du système d’étoiles le plus proche du système solaire, Alpha du Centaure, à quelques 4,37 années-lumière de distance. Alors que les moyens de propulsion actuels nécessiteraient un voyage de plusieurs dizaines de milliers d’années, l’idée est d’utiliser des voiles ultra-légères d’un mètre carré, propulsées par des rayons laser émis par des dizaines de canons de plusieurs gigawatts installés au sol. Elles pourraient ainsi atteindre une vitesse de 20% de celle de la lumière, et atteindre leur objectif en seulement 20 ans…
« Le concept de Breakthrough Starshot reprend des technologies qui sont déjà disponibles ou qui le seront certainement dans un futur proche », prophétise le mécène du projet, Youri Milner, qui va financer les premières études à hauteur de 100 M$, et qui s’est déjà entouré d’éminents spécialistes, dont le prix Nobel de physique américain Saul Perlmutter. Stephen Hawking, membre du directoire, a pour sa part déclaré : « Aujourd’hui, nous nous engageons pour le prochain grand bond dans le cosmos, parce que nous sommes humains et que notre nature est de voler. » Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, fait également partie du directoire.
« Utiliser un voilier photonique pour rejoindre une étoile proche est une idée déjà ancienne, et la première originalité du projet Breakthrough Starshot est de faire passer cette idée du statut de spéculation pour amateurs de science-fiction, à celui de concept plausible défendu par de grands scientifiques et hommes d’affaires, nous commente Olivier Boisard, président de l’Union pour la promotion de la propulsion photonique (U3P). L’intérêt de ce projet est aussi de souligner le « saut qualitatif » permis aujourd’hui par la miniaturisation des technologies : plus besoin de voile géante pour propulser une sonde dont la charge utile a des caractéristiques comparables, en masse et en performances, à celles d’un smartphone ; ces sondes à « bas coût » peuvent par ailleurs facilement être dupliquées, multipliant les chances de succès de missions complexes. »
« Avant d’envisager un voyage interstellaire nécessitant le pointage délicat d’un faisceau laser, poursuit-il, ces micro ou nano-voiliers pourraient dès à présent « se contenter » de la lumière du Soleil pour assurer des missions au sein du système solaire : explorer la ceinture d’astéroïdes avec une flottille de nano-voiliers; « prendre son élan » lors d’un vol au plus proche du Soleil -là où la pression photonique est la plus forte- pour rejoindre Pluton en quelques mois seulement; garantir à l’équipage d’une mission martienne qu’il sera possible à tout moment de lui envoyer si nécessaire un nouveau médicament depuis la Terre en moins d’une semaine, dans une capsule de quelques dizaines de grammes portée par une nano-voile, etc. Autant de projets qui apparaissent presque modestes -mais d’autant plus accessibles- comparés à de futurs voyages interstellaires ! »