04 déc Crash en Colombie : enquête criminelle contre le contrôle aérien
La Bolivie a ouvert une enquête criminelle contre une contrôleuse aérienne, qui avait laissé décoller l’avion de la compagnie charter LaMia Bolivia alors que le plan de vol ne répondait pas aux standards de la sécurité aérienne. Quelques heures plus tard, l’Avro RJ85 transportant l’équipe de football de Chaecoense s’écrasait faute d’essence non loin de Medellin, faisant 71 victimes parmi les 77 personnes à bord.
L’administration bolivienne des Aéroports et de la navigation aérienne AASANA a annoncé le 4 décembre 2016 avoir porté plainte contre une employée du contrôle aérien à l’aéroport de Santa Cruz de la Sierra, qui avait initialement refusé le plan de vol avant de laisser partir l’avion. Selon le Wall Street Journal, les conversations de Celia Castedo avec Alex Quispe, dispatcher du vol de LaMia, avait débuté par des objections sur le plan de vol d’une durée de quatre heures et demie, soit l’autonomie du RJ85. « Ce n’est pas bon. Recommencez et vérifiez. Changez votre plan de vol », aurait-elle dit selon le rapport qu’elle a écrit après le crash ; mais le dispatcher aurait répondu « laissez-le partir. Ne vous en faites pas, Melle Celia, c’est le rayon d’action qu’ils m’ont donné, nous couvrirons le trajet en moins de temps ». La contrôleuse écrit aussi que les dispatchers « trop souvent ne prennent pas au sérieux nos objections » ; mais elle a tout de même fini par donner le feu vert au vol 2933. Elle risque quatre ans de prison.
Aucune des parties en cause n’a commenté cette information la nuit dernière. Un syndicat s’est bien déclaré solidaire avec la contrôleuse aérienne, mais le président de Bolivie Evo Morales a demandé une enquête « agressive » après de premiers licenciements d’officiels dont le fils de l’un des directeurs de LaMia (apparemment en charge des opérations). Le pays risque en effet des sanctions internationales.
Ce nouveau plan de vol aurait été présenté après celui qui prévoyait une escale de ravitaillement à Cobija, ville bolivienne à la frontière avec le Brésil, et aurait été imposé par l’un des propriétaires de LaMia, Miguel Quiroga, qui est mort dans l’accident. Freddy Bonilla, secrétaire général de la sécurité aérienne en Colombie, a déjà confirmé que les autorités locales avait reçu la première version (et lui avaient donné le feu vert) ; il n’a pas précisé si la deuxième version, sans escale, avait été approuvée tout en reconnaissant que l’AASANA l’avait transmise.
La théorie la plus plausible sur ce changement est que le RJ85 a pris du retard à Sao Paulo, et LaMia aurait décidé d’aller directement à Medellin car l’aéroport de Cobija n’accueille plus d’avions après 20 heures. Rappelons que le vol 2933 avait aussi été mis en attente par l’aéroport de Medellin, un appareil de la low cost VivaColombia ayant déjà demandé un atterrissage d’urgence ; les enquêteurs n’ont pas retrouvé de traces de fuel dans l’épave ou sur le lieu du crash. La possibilité d’une fuite de carburant n’est cependant pas écartée.
Les neuf membres d’équipages étaient boliviens et les 68 passagers brésiliens ; parmi les six survivants du crash se trouvent trois joueurs de l’équipe de Chapecoense, un technicien de LaMia, une hôtesse de l’air et un journaliste.